Asphodèle propose chaque mois un thème d’écriture (voir règlement et historique ici). Ce mois de novembre le thème est :« Échapper » et les mots à intégrer au texte sont dans cet article.
Sur les vagues
(444 mots) La belle affaire, ce voyage improvisé ! J’avais envie de grand air et d’océan, de quitter le nid devenu trop étroit où la moisissure empreignait les coussins moelleux. Je pris mon bâton de pèlerin et je partis à pied, aussi démunie que l’oiseau du ciel, aussi désorientée que la folle boussole. J’étais en cavale en somme, évadée de ma prison dorée, et dans cette envolée désordonnée, j’aurais pu me brûler les ailes et chuter lourdement sous les balles d’un destin contraire. Mon chemin fut long, bien au delà des frontières de mon pays, bien au delà des terres connues. Je voulais laver mes yeux des habitudes aveuglantes, respirer des parfums insoupçonnés, écouter des mots que même le poète ignore, des mots si doux qu’ils construisent des rêves impossibles à imaginer. Ce n’est pas une nouvelle vie que j’ai trouvée là, bercée par les rouleaux incessants de la grande mer. J’y ai rencontré le gardien d’une réalité toute autre. Sans parler, sans fermer ses oreilles à mes plaintes infinies, il s’est assis à mes côtés sur la plage de sable fin fuyant entre mes doigts comme de la poudre d’or. Il a pris mon visage entre ses mains d’artiste, a laissé aller son souffle léger sur mes paupières et empli mes narines d’une spirale d’énergie qui a envahi mon corps jusqu’à l’abstraire.
Je ne sens plus le vent du large, je suis le vent du large, je ne vois plus le lapin des dunes courir entre les oyats, je suis sa course sautillante et joyeuse, je ne suis plus un corps sur une plage, je suis la plage, et la mer, et les algues et l’écume, et les milles flamboiements du ciel du soir. L’idée de réchapper à cette fusion ne m’a pas effleurée un instant, je suis vide de pensées et je suis le tout, sans question, sans désir, sans manque. Un bruit immense m’enveloppe, celui de l’univers, un maelström de silences aussi enivrant que la musique des anges, aussi puissant qu’une fugue à mille instruments jouée par une humanité transcendée.
« – Vous pouvez maintenant revenir doucement à la réalité. Remuer vos doigts de pieds, ceux des mains, frotter vos jambes et vos bras afin de bien réintégrer votre corps et quand vous serez prêts, vous pourrez ouvrir les yeux. » La voie douce de Madeleine tire la ficelle de nos consciences envolées.
Atterrissage en douceur au milieu du cours de yoga suivi bientôt par un partage de l’expérience. Une chose peu commune pour moi : je garderai secret ce moment particulier. Ce n’était pas seulement « échapper à une réalité ordinaire », c’était bien autre chose, comme des retrouvailles, un éveil…
Pour lire les textes des auteurs qui ont participé à cette aventure, c’est chez Asphodèle ici .
Sharon, Marina Chili, Nunzi, Thiébault de Saint-Amand, Marlaguette, Sev, (Bienvenue Sev !^^), Domicano, Martine, Jacou, Soène, Ghislaine, Carnets paresseux, Adrienne, Cériat, Marie-Jo64, Nadège, Prudence petitspas (Welcome, Prudence !^^), Célestine, Martine27, EmilieBerd, Valentyne, Modrone, Mart. LilouSoleil.
Oh oui. Et je me suis mise à courir après tes mots joyeux et enrobants et tourbillonnants. Oui… Et comme ça fait du bien de s’envoler, de s’intégrer à l’univers, de retrouver nos origines. Comme tout devient facile et beau. Merci pour cet éveil partagé. C’est de la pesanteur en moins.
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C’est un rêve qui ne me semble pas impossible puisque que l’on peut le concevoir et l’écrire…
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Vous nous faites surfer sur vos phrases !
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Merci Francis, et ce ne sont pas que des rêves vagues.
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oh non, ou alors, vagues déferlantes…
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« Je voulais laver mes yeux des habitudes aveuglantes … écouter des mots que même le poète ignore…Il a pris mon visage entre ses mains d’artiste, a laissé aller son souffle léger sur mes paupières et empli mes narines… Je ne sens plus le vent du large, je suis le vent du large…je ne suis plus un corps sur une plage, je suis la plage, et la mer, et les algues et l’écume… »
Dominique, j’étais presque là moi aussi, et j’avais pourtant les yeux ouverts… Merci pour cette balade, ce moment au bord de la mer. Je l’aime tant, la mer.
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Bonsoir Caroline et merci pour ton écoute, pour ces mots amplifiés et partagés, comme une musique qui nous relie.
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Le lapin dans les dunes et les oyats, bravo ! Je les ai vus, félicitations 😉 Bonne fin de semaine !
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J’ai aussi beaucoup aimé cette image !
🙂
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Merci d’être venus sur la dune regarder l’océan. Bon week end !
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ah bonne idée! un peu similaire à celle de Sev, que je viens de lire. Belle chute!
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Merci Adrienne de votre passage.
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Juste en te lisant, j’ai pu accéder à un mini temps de relaxation… Instant magique !
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Le pouvoir des mots sans doute ? Je suis heureuse que ce texte aie pu avoir cet effet.
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Beau et poétique voyage en évasion; cela fait toujours ces petits moments là.
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Je voulais dire cela fait toujours du bien; j’en profite pour ajouter qu’il m’arrive de « partir », de m’exclure de ce qui m’entoure, et en particulier en contemplant l’océan. Alors, c’est dire si ton texte me parle. 🙂
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Merci Jacou, je resterai aussi des heures près de la mer à écouter les vagues;
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Un rêve, vraiment ? Ce lâcher-prise poétique m’a offert de sublimes images de réalités impalpables. Merci pour ce voyage immobile -_-
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merci Martine d’être passée partager ce voyage
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Nous avons ça en commun, l’effet que produit l’océan sur nous ! Et la capacité d’abstraction au monde… j’ai connu ça cet été avec un ergo-ostéophate-magicien qui m’a fait une séance de 45 minutes où j’étais tout sauf moi-même et mes douleurs ont cessé pendant 48 heures ! Depuis, j’essaie de pratiquer cette technique seule quand j’ai un peu de temps mais ce n’est pas pareil, sans la voix et les « papouilles » du Monsieur ! 🙂 En attendant tes mots sont toujours aussi forts et nous emmènent loin… Un très beau texte ! Bon week-end Domi et bisous. 🙂
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Merci Aspho ; je reconnais que les papouilles font du bien au corps; une séance de massage, de dorlotage de temps en temps serait l’idéal, ça détend aussi la tête et on se sent mieux avec soi. Bon dimanche Aspho, bises
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Comme tu as employé de jolies phrases, j’aime beaucoup cette fuite, cette fugue du temps …..♥
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Merci Guislaine de ton passage
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Ton texte donne envie de s’inscrire à un cours de yoga…c’est magique cette impression d’être emporté ailleurs …. 😉
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à tester. la relaxation ou la méditation ouvrent à d’autres sensations
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Tout comme Valentyne. Je ne m’attendais à un cours de yoga!
Très beau texte qui fait voyager!
Bises
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Merci Emilie, il y a des voyages intérieurs. Il existe même des voyageurs immobiles. Bises, bon dimanche
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les voyages intérieurs sont les plus beaux qui soient…
bravo pour cette chute originale et ce texte empreint de poésie.
Bises célestes
¸¸.•*¨*• ☆
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merci étoile de l’après midi, de passer dans mon ciel. Bises
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Hello Domicano
Je suis imperméable à ces sciences, dommage.
Mais je me suis prise, un instant, pour le vent, le sable, la plage, libérée de mon corps 😉
Bises de Lyon
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Moi aussi la meditaiton de la fin des cours de yoga me transporte loin… C’est quand meme particulier comme experience! J’ai adore lire ton texte, et ne m’attendais aps du tout a cette chute.
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