Ma participation à ce challenge proposé par Une patte dans l’encrier:
À fleur de pot
Les serviettes, les maillots, les nattes effrangées bonnes à jeter, même la bouteille isotherme, ils sont tous sortis en trombe pour la plage, émergeant de l’armoire, celle qui trône dans la garage. Depuis trois décennies, elle essaie de transformer ce capharnaüm en chambre, rien n’y fait. Elle s’est chopée le cafard pour finir et n’ouvre ses portes branlantes qu’en cas d’absolue nécessité. Son seul défaut : sa profondeur. C’est le gros problème des armoires, pas qu’elles aient de doubles fonds, mais ne se voit que ce qui est devant. Le reste, glissé malencontreusement ou rangé avec soin à l’arrière disparaît à jamais. C’est mon cas : je suis en perdition depuis des lustres et j’attends patiemment d’apporter ma contribution aux joies de juillet. Je me rappelle mon jeune âge où j’exhalais avec fierté mon parfum suave et offrais aux doigts attentionnés ma crème lactescente (terme véronesque, vous ne pouvez pas comprendre). Mes entrailles protectrices s’étalaient sur la peau fragile des bambins, cinq fois par jour s’il le fallait. Elles enrobaient aussi avec tendresse et précision les rondeurs de leur mère qui prenaient alors un vernis cuivré qui ne manquait pas de croustillant. Le soleil torride de quatorze heures a failli plus d’une fois me faire exploser… J’ai pris des bains de mer aussi – le plus jeune des enfants me trouvait un air bateau – et l’immersion s’avéra totale et abyssale. Sauvé in extremis par la main maternelle, je suis resté dès lors au fond du sac en osier avec les culottes de rechange et les miettes de gâteau. Me restaient que les sons : les cris des enfants ou celui des mouettes – m’est arrivé de les confondre –, le roulement des vagues, les appels des adultes, des aboiements de chiens. Et régulièrement, une main salvatrice me redonnait le goût de vivre en me débouchonnant et je pouvais à nouveau répandre mes bienfaits en contemplant l’évolution cutanée et colorée de mes protégés. J’avais du cran à faire écran aux rayons perfides du soleil. J’étais armure translucide, cuirasse invincible, bouclier de charme et me voilà réduit à l’inaction et à l’oubli. Quel triste sort dévolu au chevalier que je fus, défendant femme et enfants contre les agressions diaboliques des UVA et des UVB. Pourfendeur de ces extraterrestres nuisibles, je n’ai reçu aucune distinction ni récompense si ce n’est cet abandon infâme au fond du placard. Mais ma revanche à fleur de pot ne se fera plus attendre. La chaleur aidant, je me dessèche lentement en amertume, je me gonfle de colère, je me décompose en mille fragments de haine vengeresse, je me prépare à l’explosion ultime qui gangrènera à jamais de mon odeur fétide mon support, mes voisins et mon tombeau de bois.
Elu d’une courte tête devant Jobougon en Juin, votre serviteur s’est fendu d’une roulade dans la poussière de ce premier jour de Juillet pour fêter cela.
Et il est vrai que Valentyne nous avait proposé un sujet foisonnant de possibilités. Merciiiii Valentyne, j’ai adoré écrire sous ton inspiration !!!
A moi d’organiser pour Juillet. Puissè-je faire aussi bien ! Cela s’annonce coton… Il fait chaud dehors… J’aime bien me dorer le pelage, jouer avec mon ombre, ne rien faire… Enfin bref… J’ai réfléchi au clair de lune… Ou de l’autre, je ne me souviens po !!!
Du coup, après les saints de Juin, j’eusse pu parler de mais bon…
Sinon, Juillet est un mois qui, en France, rime avec Révolution… Oui, j’ai fait beaucoup de recherches, j’ai lu trois thèses, deux mémoires et demi pour en arriver à cette conclusion hâtive et peu argumentée. C’est aussi un mois où…
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Tant pis pour eux !!! Question : notre crème solaire lâchement abandonnée va-t-elle prendre Biaphine en otage pour demander une rançon et leur faire payer ??
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Biaphine est fine mouche, elle est cachée dans un tiroir de la salle de bain, et puis elles n’étaient pas vraiment copines, Biaf lui reprochait toujours de ne pas avoir fait son boulot
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Sans son « manquement au boulot », Biaph serait au chômage… Injustice, quand tu nous badigeonne !!
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Wahou, j’aime beaucoup les affres de ce pauvre tube abandonné. Faudrait peut-être qu’il monte un syndicat avec l’antimoustique qu’on accuse d’être périmées et les miettes de choco-bn oubliés depuis l’été dernier au fond du sac….
décidément, le thème d’une-patte-dans-la-crème-solaire suscite des textes vraiment chouettes, plein de mystère et d’humour….vivent les vacances !
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oups, l’antimoustique singulier et masculin, est donc périmé sans E sans S !
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re-oups, et les miettes sont plurielles et féminines, donc oubliéEs.
je crois que je suis bien partir pour raconter l’histoire d’un livre de grammaire en vacances !!!
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tu te fais mal là , l’orthographe est déjà partie en vacances avec le petit et le grand Robert… reste peut être la Rousse?
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BN est intransitif non ???
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Faut pas pousser le bouchon trop loin, quand-même! Moi aussi, la GRAISSE à TRAIRE, on m’ignore au profit de crèmes solaires, anti-rides, super rajeunissantes, apaisantes, anti-vieillissement, beauté et formes garanties. J’en bouillonne tellement de colère, que je sens que mon couvercle va faire bientôt soucoupe-volante.
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Je rêve d’assister au feu d’artifice qui ne saurait tarder au fond de cette armoire dont la perdition n’est plus à prouver depuis que tu en as témoigné. La fleur de ce pot saura encore nous séduire de son parfum impétueux.
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Parfum à ce stade est présomptueux…
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Relent, remugle, fétidité ? Le troisième me fait immanquablement penser à la famille Addams… 🙂
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Vu son teint, on peut supposer que la crème était efficace pour Fétide !
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Extra les bains de mer et de soleil racontés par ce tube de crème 🙂
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Merci Val, belle journée
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Ca sent le vécu et le remugle de l’an dernier ! Version Tiaré ? Elle peut avoir aussi une vengeance version allergisante ! Allez ! un indice 50 pour la route ?
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